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Tarot Guy-Anne Luneau

Tarot

Qu'est-ce que le tarot?

Le Tarot est un livre d’images dont l’origine demeure à ce jour incertaine. Les plus anciens jeux qui sont venus jusqu’à nous sont italiens et datent du XVe siècle. Il s’agit de cartes d’un extrême raffinement dont certains jeux représentent déjà les lames du Tarot de Marseille classique. Le modèle français qui a fait la norme nous est apparu un peu plus tard mais sa forme est plus ancienne et laisse à penser qu’il pourrait s’agir de la reproduction de modèles antérieurs qui ne nous sont pas parvenus. Les premières traces de cartes à jouer en Occident datent du XIVe siècle, et les fameux jeux français montrent bien des personnages de cette fin du Moyen Âge.

Bien qu’il soit probable que le Tarot ait été utilisé dès le début pour la divination, il fut surtout considéré jusqu’à la toute fin du XVIIIe siècle comme un simple jeu de cartes, un jeu d’argent. C’est à ce moment qu’Antoine Court de Gébelin, un pasteur protestant parisien s’inscrivant dans le courant de la franc-maçonnerie naissante, fit paraître en 1781, Le Monde primitif, dans lequel il y prétendait que les arcanes majeurs étaient les images d’un livre secret venu de l’Égypte ancienne : le Livre de Thot. Mais il faut être très perspicace pour y voir des symboles à proprement parler égyptiens, que ce soit dans la forme ou dans le fond, même s’il est toujours possible d’en arranger quelques-uns comme : la Justice Maat, la Papesse Isis, ou le Sphinx de la Roue de Fortune, qui n’en est pas un. Il faut plutôt se rappeler que la mentalité de cette époque, passait après plusieurs siècles d’influence gréco-romaine, à un passé autrement plus fascinant et plus mystérieux pour les occultistes, celui de l’Égypte antique que l’archéologie naissante mettait en lumière. Cette option bien que très tenace n’a jamais pu être validée, mais elle a permis au Tarot d’émerger de l’ombre.

À la mort de Gébelin en 1784, un perruquier parisien du nom de Jean Baptiste Alliette, reprit le flambeau sous le pseudonyme d’Etteilla. Il est l’auteur d’un tarot qui porte son nom (Etteilla), prétendant reproduire l’ancienne imagerie égyptienne. Cette théorie très en vogue, comme nous l’avons vu plus haut, a entraîné la perpétuation fantaisiste de tarots égyptiens, depuis les années qui ont suivi la publication du livre d’Etteilla jusqu’à nos jours. Alphonse Louis Constant, célèbre occultiste plus connu sous le nom d’Éliphas Lévi, prend le relais. Né à Paris en 1810, membre de la Rose-Croix, il fut le premier auteur à établir un parallèle entre les 22 arcanes majeurs et les 22 lettres de l’alphabet hébraïque. Là encore il nous faut relativiser cette « découverte », car si on peut de toute évidence admettre qu’il y a des ressemblances, il est impossible de faire coïncider clairement l’ensemble des arcanes à leur équivalent hébreu. En 1889, Oswald Wirth, un occultiste suisse disciple du marquis Stanislas de Guaita, publia son propre tarot, très proche des tarots italiens et français, avec quelques allusions égyptiennes et une forte référence hébraïque. La même année apparu, sous le pseudonyme de Papus, un ouvrage d’érudition de Gérard Encausse sur le tarot cabalistique, suivi en 1909 d’un tarot divinatoire, avec soixante-dix-huit lames d’inspiration égyptienne. [...]

Membre de la Golden Dawn, grand admirateur de Papus et d’Éliphas Lévi qu’il traduisit, Arthur E. Waite créa un tarot inspiré des modèles français : le Rider-Waite, ou pour la première fois on imagea les arcanes mineurs pour les rendre plus accessibles, tout en commettant quelques étrangetés comme l’inversion de la Force et de la Justice. Il devint le modèle anglo-saxon de référence, toujours très en vogue actuellement. De son côté Crowley faisait paraître son propre tarot, Le Livre de Thot, alors que le mouvement occultiste s’installait aux États-Unis. Tous deux inspireront les générations à venir du nouveau monde.

À partir de cette époque, et jusqu’à aujourd’hui tout un chacun en vint à considérer que le Tarot était modelable à souhait, avec tout ce que cela comporte comme approximation et perte d’égalité visuelle entre les différents arcanes, ceux-ci étant perçus et redessinés selon le goût et la compréhension de leur créateur. D’où la profusion actuelle des tarots les plus fantaisistes : celtique, amérindien, des sorcières, de l’amour, des anges, psychologique, des fées, astrologique, et bien d’autres, chaque « Inspiré » inventant le sien, ne nous offrant souvent que la facette de ce qu’il croit avoir compris. Cette multiplicité, permet cependant une lecture nouvelle et créative, qui souvent ouvre des voies insoupçonnées. [...]

La Pratique

Le Tarot est comme un gâteau à étages, il est fait de strates qui correspondent à des plans de vie et à des niveaux de compréhension. Cela s’imbrique pour constituer un tout et une lecture bien faite, devrait-être capable de ne négliger aucun plan :

  • Il y a le niveau profane, qui voit dans chaque arcane un symbole autonome à interpréter pour lui-même, un peu comme une allégorie, en interaction avec les autres symboles. Il s’agit d’une lecture traditionnelle ou chaque image devient un événement à l’intérieur d’une histoire vécue par tout un chacun. C’est une approche pratique mais attention au simplisme.

  • Le deuxième niveau est nettement plus intéressant car il ouvre au sens véritable du Tarot, il concerne le chemin de vie, l’initiation d’une personne allant de sa naissance jusqu’à la fin de son parcours initiatique. Rien ne s’y inscrit par hasard, il s’agit d’une quête de soi qui montre et prévient les étapes à franchir pour atteindre la sagesse.

  • Quand au troisième niveau il est plus spéculatif, car purement spirituel, il concerne l’histoire du monde dans le prisme judéo-chrétien, mais sous un angle plus proche du catharisme ou de la gnose que de Rome. Il y est parlé de la chute dans l’ego, avec les épreuves et illusions que cela entraîne jusqu’à l’ultime retour à la maison du Père. Le Tarot a cela d’étonnant qu’il est constitué de 78 arcanes, en réduction théosophique cela fait: 7+8= 15, l’arcane du Diable, l’ange déchu maitre de ce monde de chair, puis 1+5= 6, l’Amoureux, qui est la prise de conscience de l’ego mais aussi un appel du sacré. Il décrirait notre cheminement obligé à travers le monde de l’ego dont il faut comprendre la mécanique et les pièges pour pouvoir se libérer de son illusion et rejoindre la seule maison qui vaille, celle du coeur : notre Maison-Dieu.

  • Il existe aussi une quatrième lecture qui concerne principalement les arcanes mineurs et qui parle de la société, avec ses clans, ses royaumes et les différents acteurs qui la compose : les Deniers c’est le monde des affaires, le Bâton celui des fabricants, l’Épée a ses fonctionnaires alors que la Coupe veille sur nos églises.

Source: http://letarotvivant.com/quest-ce-que-le-tarot/

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